Dans les entrailles de la terre à Potosi, 8 et 9 février

Encore la tête dans les nuages du salar, nous montons dans le bus pour Potosi, en ce matin du 8 février. Nous continuons à voyager avec les Belges rencontrés à San Pedro de Atacama. En quittant Uyuni, les paysages de montagnes défilent à travers les vitres du bus bondé… On se croirait revenus en Asie… !!! Amusant d’observer la Bolivienne charnue assise sur le strapontin à coté de Seb pianoter sur son téléphone portable… !!! Le trajet de 4 heures se transforme vite en 6 heures, …de tape cul… Les routes ont étés endommagées par la pluie et le chauffeur est plusieurs fois obligé de sortir afin d’évaluer la piste…

Vers 16 heures, nous arrivons enfin. Le Cerro Rico trône sur la ville, lovée au creux des montagnes… Nous sommes ici à 4000 mètres, ville minière, peu riche, grouillant de voitures, ayant fait autrefois la richesse des conquistadors espagnols grâce à ces débordantes mines d’argents… Bienvenue à Potosi… Difficile de prendre la sac sur le dos, de gravir les rues pentues pour chercher un hôtel alors que l’on manque d’air.. Ah… ! Ben revoilà le mal des montagnes… !!!!

Dès nos premiers pas, mousse à raser dans la tête.... Cela semble être le grand jeu des enfants et adolescents boliviens...!!

Nous découvrons une ville étrange. Quasiment tous les hommes sont mineurs de père en fils… Alors que les gisements d’argents du Cerro Rico sont bien épuisés depuis longtemps, ils continuent à aller trimer dans des conditions horribles au fond de ces galeries sombres… Le tourisme se développe quelque peu… quelques hôtels, des boutiques sortis de l’antiquité, un mercado central incroyable… Etrange… Nous organisons noter visite des mines pour le lendemain et allons diner avant de nous coucher… Une appréhension au fond de la gorge… C’est un peu effrayant d’aller dans ces mines… peut être la combinaison Altitude + éventuelle Claustrophobie… A voir demain…

Après une petite nuit, on se lève un peu la boule au ventre… C’est que nous avons cette fois bel et bien rendez vous avec les entrailles de la Terre… !!! Nous partons avec Efrain, un ancien mineur qui a monté sa boite de tours opérateurs i y a 5 mois avec quelques anciens mineurs… Allez, quand faut y aller, il faut y aller ! Nous voilà paris… On nous équipe de tout un attirail… Bottes, pantalons, vestes, casques et lampes frontales… Nous sommes prêts ! Direction le marché des mineurs, ou nos achetons des présents pour les mineurs : sodas et feuilles de Coca à chiquer (remède miracle contre la faim, la fatigue et l’altitude…) ainsi que de la .. Dynamite… C’est incroyable de savoir que de petits enfants peuvent venir en acheter pour leur papa qui travaille à la mine… Cela fait un dôle d’effet d’avoir un battons de dynamite dans les mains, surtout quand Efrain s’amuse à faire guignol (désolée, c’est mon coté lyonnais qui ressort…) avec un briquet non loin de là… !!! Rassurez vous, on ne risque rien sans le détonateur et la mèche… mais tout de même !!!

Efrain, notre guide prend la pause...

Après la visite des ateliers qui séparent la roche du mélange de cuivre, d’étain et d’argent qu’ils envoient ensuite en Europe pour transformation, nous prenons le chemin des mines… Il en existe plus d’une centaine à Potosi… Après un dernier regard vers le ciel, allumage des lampes frontales et nous nous enfonçons dans la galerie… Dès les premiers mètres, on se rend compte à quel point il est difficile de se déplacer ici… On évolue, courbés, piétinant dans l’eau des tunnels et se cognant la tête chaque minute…On respire mal, a travers des foulards… L’air est chargé, étrange et suffocant…

Passage critique...

Nous croisons de nombreux mineurs… quelles conditions de travail… Dans notre tête, on se dit « j’adore mon Job… » Franchement, se trouver là… ça fait peur… Pour les claustrophobes : impossible… Au deuxième niveau, au bout d’un tout petit tunnel, travaille un homme, complètement recroquevillé sur lui-même… ? Normal qu’ils mâchent de la Coca... !!!! Pleins de choses nous passent par la tête… Accidents, effondrement de galeries, comment cela doit être après une explosion de dynamite… ??? On ne pense pas réussir à retranscrire ce que l’on peut ressentir là-dessous… El Tio garde un œil sur les mines. C’est le diable (statues dans les galeries), et on fait de offrandes à ce dernier ainsi qu’à la Pachamama, chaque dernier vendredi du mois pour que le mois suivant soit clément…

Drôles de tronches ????!!!!...Fatigués après 2 heures dans les galeries....

A l'air libre, l'extraction des blocs de pierre...

Et dire que la plupart des richesses de ses mines sont parties à la couronne espagnole…. Des milliers de mineurs ont bossé sans répits ici,… pour ne jamais faire fortune…Cette visite est impressionnante, … et nous sommes vraiment heureux de ressortir à l’air libre, de respirer enfin l’air pur !!!!… Toute cette expédition nous a tous creusé, et nous allons gouter le steak de lama avant d’aller s’effondrer dans les bras de Morphée pour une grosse sieste…

Le reste du temps à Potosi est composé de visites, de balades dans la ville… Nous visitons avec Géraud et Béndicte la Casa de la Monedad, ancienne fabrique de monnaie… On se rend bien compte que cette ville abondait de richesses à la période coloniale… Mais malheureusement, ce ne sont jamais vraiment les boliviens, trimant dans les mines, qui en ont profité… Le marché central est encore un fois un endroit hallucinant… On y trouve de tout et de n’importe quoi… des feuilles de coca aux soutiens gorge, en passant par un bout de bidoche ou du fromage de vache…. Sur la place centrale, les vendeurs de remèdes miracles colportent les bienfaits de leurs produits alors que les étals de bouffe douteuse ne désemplissent pas… Les boliviennes aux chapeaux melons s’affairent, les enfants jouent et crient sous le regard des hommes aux joues gonflées de coca…

Vente de Coca sur le marché...

La Cathédrale

Vue sur les toits de Potosi, et le Cerro Rico, abritant des centaines de mines...

Cette escale à Potosi nous aura vraiment marqué… Ville du travail, de la pauvreté malgré routes ces richesses jadis enfouîtes, des conditions difficiles… La visite des mines aura été une expérience très forte… Et nous ne sommes pas près d’oublier notre passage ici… !!!